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L'appel | 2019-12-09T10:44:29+01:00 | false |
L'automatisation peut être une chance pour l'humanité : elle permet de déléguer aux machines toujours plus de tâches fastidieuses, ingrates, complexes, ennuyeuses ou non épanouissantes. Les progrès fulgurants effectués au cours des dernières décennies dans les domaines de l'électronique, de l'informatique, des réseaux et de l'intelligence artificielle permettent tous les jours un peu plus de s'affranchir du travail.
Malheureusement, les monumentales richesses produites par les machines et les programmes développés par les actrices et acteurs du numérique sont elles aussi accaparées par une poignée de personnes, propriétaires ou actionnaires des multinationales de la tech ou de domaines qui en dépendent toujours plus. Cela représente plus de 3 300 milliards de dollars rien qu'en 2019. Un exemple parmi d'autres, Bernard Arnault est un important actionnaire de Google, de Netflix mais aussi de 50 startups incubées à la Station F. Alors que les plus pauvres de nos aînés, en particulier les femmes, doivent survivre avec 868,20 € par mois de minimum vieillesse, il gagne l'équivalent de 3 millions d'euros par heure.
Le gouvernement voudrait nous faire croire qu'il faut travailler plus longtemps pour financer les retraites de nos anciens, que les cheminotes et cheminots, les soignantes et soignants, les pompières et pompiers ou les enseignantes et enseignants seraient des nantis vivant au crochet de la société. En réalité, les inégalités sont telles que 26 personnes possédent plus à elles seules que 3,8 milliards d'humains réunis. À la deuxième position de ces 26 personnes se trouve Bernard Arnault, juste derrière Jeff Bezos. Parmi ces 26, se trouvent quelques acteurs de la tech… mais aucun cheminot, ni soignant, ni pompier, ni enseignant.
Allonger le nombre d'années de travail nécessaires avant la retraite ou encore prétendre lutter contre le chômage tout en incitant à effectuer des heures supplémentaires est une aberration, un non-sens historique à l'heure de l'automatisation galopante. Se battre pour « la valeur travail » est non seulement futile mais dangereux : la société de consommation, cette volonté imbécile de vouloir produire toujours plus et toujours plus inutile est en train de détruire notre planète.
Ces machines et programmes, parce qu'ils sont de grands facteurs de gains de productivité, sont également la cause de la destruction de la valeur de nombreuses compétences sur le marché du travail. Les femmes et hommes ainsi rendus précaires ne bénéficient d'aucune clémence de notre société : injonction leur est faite de se conformer à un marché du travail qui ne tolère pas qu'on ralentisse sa marche vers une rentabilité érigée comme une fin en soi. Tout ceci au mépris de l'avis des premières et premiers concernés, livrés à eux mêmes après qu'un algorithme ou qu'un robot les aient remplacés.
L'automatisation peut et doit servir l'humanité. Elle permettrait de travailler moins, de partir en retraite plus tôt, et dans d'excellentes conditions de vie, de dégager à tous du temps libre pour étudier, expérimenter, pratiquer les sports, les arts, passer du temps en famille ou entre amis ; de vivre.
Les programmes et les machines que nous créons peuvent contribuer à lutter contre la pauvreté, permettre à tous et toutes de vivre mieux et plus confortablement. Cela n'arrivera cependant qu'aux conditions que les richesses qu'ils produisent soient plus équitablement réparties et que leurs impacts environnementaux soient réduits.
L'automatisation doit être mise à profit pour redonner du sens au travail, pour permettre de travailler mieux, et moins. À l'opposé de la standardisation du travail qui impose aux humains de s'adapter au rythme infernal des machines (courses Uber, livraisons Deliveroo, chargement des camions dans les entrepôts Amazon et autres tournées de distribution de colis guidées par des algorithmes), l'automatisation doit servir à le réhumaniser, à permettre aux travailleuses et aux travailleurs de regagner en autonomie, en initiative et en maîtrise de leur outil de production. En tant que conceptrices et concepteurs de ces programmes, de ces algorithmes, notre responsabilité est de veiller à ce que nos créations servent à aider, à libérer. De refuser de produire des outils conçus pour exploiter, asservir, réprimer ou polluer.
Même si nous croyons que nous serons moins touchés par la réforme des retraites, souhaitons-nous pour autant que nos proches, nos connaissances ou simplement les autres travailleuses et travailleurs aient à choisir entre travailler jusqu'à 64, 65… 70 ans et vivre dans la précarité la plus totale ? Nous n'acceptons pas ce projet qui nous empêche de nous projeter dans l'avenir, la valeur du point étant fixée par décret.
Nous, développeuses et développeurs, administratrices et administrateurs systèmes, enseignantes et enseignants, chercheuses et chercheurs, designers, actrices et acteurs du numérique, du Web et des télécoms qui travaillons pour le service public, dans de grandes entreprises privées, dans des startups, dans des coopératives, en tant que salarié ou indépendant affirmons notre opposition à la réforme des retraites proposée par le gouvernement et militons à la place pour une réforme reposant sur d'autres bases de répartition des richesses : abaisser l'âge de départ à la retraite et réduire le temps de travail en mettant l'automatisation au service du bien public plutôt qu'à celui de quelques milliardaires.
En conséquence, nous appelons :
- à participer au mouvement de grève et aux manifestations contre la réforme,
- à alimenter les caisses de grève pour compenser la perte de revenus des grévistes,
- à afficher sur nos sites web et dans nos entreprises notre soutien à la lutte contre la réforme.
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Signataires
Actrices et acteurs du numérique
- Marion Agé, Les-Tilleuls.coop
- Romy Alula, développeuse, salariée
- Hamza Amrouche
- Thibaut Arnoud, Les-Tilleuls.coop
- Jordan Aubert, Les-Tilleuls.coop
- Morgan Auchede
- Arnaud Bailly, Développeur
- Alexandre Balmes, Consultant technique, Co-fondateur Vanoix
- Quentin Barloy, Les-Tilleuls.coop
- Timothée Barray
- Jeremy Barthe, Tech Lead à Mediapart
- Jade Bellereau, Les-Tilleuls.coop
- Jacques Billard, Tech Lead à Mediapart
- Julien Blanchard, Développeur
- Antoine Bluchet, Les-Tilleuls.coop
- Pascal Borreli, Les-Tilleuls.coop
- Stephane Bortzmeyer, ingénieur réseaux
- Clément Camin, Freelance, Développeur web, Membre de la communauté beta.gouv.fr
- Vincent Chalamon, Les-Tilleuls.coop
- Robin Chalas
- Caroline Chuong, Les-Tilleuls.coop
- Valentin Claras, Lead Dev chez M6Web
- Chrystelle Coupat, Responsable Exploitation Mediapart
- Thomas Colin, Lead dev
- Gégory Copin, Les-Tilleuls.coop
- Justine Delalleau, Les-Tilleuls.coop
- Mathieu Dewet, Les-Tilleuls.coop
- Jérôme Desjardins, Les-Tilleuls.coop
- Kévin Dunglas, développeur, co-fondateur de Les-Tilleuls.coop
- Olivier Dolbeau
- Suzanne Favot, développeur JoliCode
- Vincent Fuger, Les-Tilleuls.coop
- Johan Girod, Freelance, Développeur web, Membre de la communauté beta.gouv.fr
- Ludovic Gonthier, Développeur web indépendant
- Tristram Gräbener, Codeurs en Liberté, Développeur web, Membre de la communauté beta.gouv.fr
- Cécile Hamerel, Les-Tilleuls.coop
- Richard Hanna, développeur fairness.coop
- Grégoire Hébert, Les-Tilleuls.coop
- Jeremy James, Développeur Vanoix
- Frédéric Jost, Les-Tilleuls.coop
- Tam Kien Duong, data.gouv.fr
- Thimy Kieu / Codeurs en Liberté / Développeuse web / Membre de la communauté beta.gouv.fr
- Fabien Labrousse, développeur, salarié
- Pierre de La Morinerie, Codeurs en Liberté, Développeur web, Membre de la communauté beta.gouv.fr
- Fabien Lamarque, Freelance - Velvet Lemons Consulting, Developpeur web ; Devops
- Vincent Lara, Codeurs en Liberté, Développeur web, Membre de la communauté beta.gouv.fr
- Jacques Lefebvre, Les-Tilleuls.coop
- Simon Lehericey, Freelance, dev web, Membre de la communauté beta.gouv.fr
- Emmanuel Louisy-Gabriel, LiveMentor
- Thomas Luquet, Solidaires Informatique
- Olivier Mansour, CTO adjoint
- Hélène Marchois, agiliste fairness.coop
- Mathieu Marchois, développeur fairness.coop
- Julien Manganne, développeur
- Colin Maudry, Conseiller indépendant en Open Data
- Mehdi Medjaoui Baptiste Meyer, associé salarié, Les-Tilleuls.coop
- Romain Neutron
- Thomas Nieto, développeur
- Fabrice Nourisson, développeur, salarié
- Tom Panier, développeur frontend, Synbioz
- Thomas Pepio, développeur, Solidaires Informatique
- Loïck Piera, développeur web, JoliCode
- Jules Pietri
- Alan Poulain, Les-Tilleuls.coop
- Yann Prou, Les-Tilleuls.coop
- Mikael Randy
- Pierre Rebeilleau, Les-Tilleuls.coop
- Adrien Risser, Freelance, Développeur web, Membre de la communauté beta.gouv.fr
- Christophe Robillard, Freelance, Developpeur web, Membre de la communaute beta.gouv.fr
- Pauline Roca, Salariée, data-scientiste, Pixyl (medtech)
- Alex Rock
- Gilles Roustan, Développeur à Mediapart
- Laury Sorriaux, Les-Tilleuls.coop
- Alexandre Segura, CoopCycle
- Laurent Séguin, libriste et expert e-administration
- Clément Talleu, Les-Tilleuls.coop
- Jérôme Tanghe, Les-Tilleuls.coop
- Nino Treyssat-Vincent, développeur web
- Kévin Van Der Stracten, Les-Tilleuls.coop
- Guillaume Vigier, Administrateur réseau Mediapart
- Rodrigue Villetard
- Matthieu Werner, Consultant Web JoliCode
- Séverine Wiltgen, SRE Mediapart